Les Passeurs.
Bonsoir, chers Amis. Je suis
heureux de vous retrouver pour une nouvelle veillée. Ce soir, je vais vous
raconter des histoires de Passeurs. Je ne sais pas s'il y a eu jadis des Passeurs
dans notre Pays, ou plutôt si, je le sais : nous habitons à côté d'une
frontière. Des Passeurs, il y en a eu par dizaines, Passeurs qui faisaient
passer d'un monde terrible, de guerre, de persécution et de famine à un îlot de
paix. Les contrebandiers font passer des marchandises, les trafiquants d'êtres
humains font passer des personnes venant de pays pauvres dans nos pays qui le
sont moins, mais ces trafiquants, à cause de leur rapacité, ne méritent pas le
titre de Passeurs. Certains qui se sont enrichis pendant la dernière guerre ne
le méritent sans doute pas non plus, c'est une autre histoire. Mais il reste de
cette figure du Passeur dans notre pays quelque chose de bon, de noble,
quelqu'un qui tend la main pour passer d'un monde à l'autre.
Dans les pays coupés en deux
par une grande rivière, le Passeur transporte les voyageurs d'une rive à
l'autre, sur sa barque. J'ai le souvenir d'un tel Passeur dans la ville de
Bale. Son bac est attaché à un anneau qui coulisse sur un câble traversant le Rhin.
C'est la force du courant qui fait déplacer l'embarcation selon la position du
gouvernail. Mais jadis, là où il n'y avait pas de pont et où la rivière était
trop profonde pour qu'on la traverse à gué, le Passeur était là pour la faire franchir
aux voyageurs. Cette idée de passer d'un monde à l'autre est très forte et très
ancienne. Ainsi, dans l'antiquité, quand on mourait, c'était un Passeur,
Charon, qui vous faisait franchir le fleuve Styx séparant le monde des vivants
du monde des morts. Mais ne nous attardons pas sur cette image funèbre. Pierre !
Pierre Rérat ! Qu'est-ce que je viens de dire ? Vous pouvez répéter ?
(...)
Dans le monde des vivants,
il y a beaucoup d'autres Passeurs qui vous emmènent dans des endroits meilleurs
ou simplement qui vous permettent de voyager. Visitez un vieux château
fort : si vous avez la chance de tomber sur un guide talentueux, aimant ce
qu'il fait, il vous emmènera avec lui au Moyen âge et vous verrez, assise à la
fenêtre, la dame qui attend son mari parti en croisade.
Eh bien, je crois que, ce
soir, nous sommes installés dans cette salle de classe comme si nous étions
dans la barque d'un Passeur. Je pense à toutes ces maîtresses d'école, à tous
ces maîtres d'école, qui ont fait franchir à des millions d'écoliers, filles et
garçons, la frontière qui sépare un petit sauvageon d'un citoyen éclairé, nanti
de son certificat d'études.
Ces maîtres d'école nous ont
fait passer de la petite enfance à l'enfance, du giron de notre maman et du
cocon familial à la communauté humaine. En nous tenant par la main, en nous
apprenant à lire, à écrire, à compter, à trouver notre chemin sur une carte, à
nous situer dans l'histoire de notre pays, ils nous ont tout doucement conduits
au moment où nous pourrions prendre dans le monde notre place de vrais
citoyens, apprendre un métier, que cela soit tout de suite chez un maître
d'apprentissage ou de façon plus longue en suivant des études.
Ils nous ont appris la
morale, le goût du travail bien fait à travers des cahiers du jour impeccables
et des récitations bien apprises. Ils nous ont appris à vivre en groupe et non
pas comme de petits bambins dans les jupes de leur maman ou de leur grand-mère.
Je parle des maîtres et
maîtresses d'autrefois, ceux et celles que nous avons connus. Je suis sûr et
certain que ceux et celles d'aujourd'hui ne déméritent pas, mais combien leur
tâche est-elle devenue plus ardue, avec l'invasion des écrans, les exigences
des parents et la perte des repères de jadis... Pour le meilleur ou pour le
pire, selon les cas.
Danielle ! Danielle Scherler
! Répétez ce que je viens de dire ! Ce n'est pas parce que nous sommes dans une
école mixte qu'il faut vous dissiper pendant les leçons d'histoire !
Cette classe me fait penser
à un bateau, avec le maître d'école pour Passeur. Il nous emmenait dans des
époques lointaines, au temps des Gaulois, de Jules César, au temps des châteaux
forts et des croisades, puis des guerres de religion, de la méchante Catherine
de Médicis et du gentil Michel de l'Hospital, au temps de la prise de la
Bastille et de Napoléon.
Mais le maître nous faisait
aussi voyager dans des pays lointains, dans les pays chauds avec des arbres
géants et des hommes minuscules, au Sahara avec des Arabes enturbannés perchés
sur des chameaux, pardon, des dromadaires. Il nous emmenait dans les pays
froids peuplés d'Eskimo qui souriaient dans leur capuchon de fourrures, il nous
emmenait dans des paquebots comme le Normandie qui saluaient la statue de la Liberté
et les gratte-ciel de l'Amérique.
Je ne sais pas si mes
camarades chahutaient, je ne crois pas, car mes maîtres étaient en général sévères.
Mais quant à moi, j'étais suspendu à ces leçons et j'ai toujours la même
émotion en découvrant un carton de vieux manuels scolaires.
La journée commençait par
une belle leçon de morale, calligraphiée au tableau noir en dessous de la date.
Hélas, c'est l'un des grands regrets de ma courte carrière d'instituteur, je
n'ai jamais pu avoir une aussi belle écriture même en m'appliquant lorsqu'il
s'agissait d'écrire au tableau. Puis c'était, du moins dans mes souvenirs, la
leçon de lecture. Et là, encore des voyages merveilleux, des textes de Pierre
Loti, de Victor Hugo ou de Henri Bosco. Je me souviens de plusieurs pages
tirées de "l'enfant et la rivière", pages qui m'enchantent encore
aujourd'hui presque soixante ans après. Mes maîtres ont été des Passeurs vers
le monde merveilleux de la littérature, un monde qui me permettait déjà de
voyager très loin les jours où une bronchite me retenait couché dans ma
chambre. Et ce n'est pas la télévision qui peut jouer le rôle de Passeur. Ce
n'est qu'une merveille de technologie, ce n'est pas un Passeur en chair et en
os.
Annie, oui, vous, au fond,
Annie Deldicque, vous resterez en retenue avec moi ce soir.
Mais ce sont mes souvenirs à
moi. Peut-être les vôtres ne sont-ils pas aussi bons. Il y avait aussi des
élèves malheureux, en classe, des élèves à qui l'on disait qu'ils n'étaient
bons à rien, des élèves qui rêvaient en regardant les oiseaux par la fenêtre, comme
dans le poème de Prévert. Ou d'autres petits ou petites qui étaient pauvres et
qui n'avaient eu, pour leur petit déjeuner, qu'un oignon, et j'en ai connu une,
moi qui vous parle ce soir. Tous ces enfants pour qui le bateau du
Maître-Passeur ressemblait peut-être plus à une galère qu'à une embarcation de
plaisance sont quand même devenus des grandes personnes et la plupart d'entre
elles ont exercé de bons métiers et ont été de bons parents, malgré les
punitions et les bonnets d'âne. Simplement, ils ne voient pas le Passeur avec
les mêmes yeux que moi.
D'autres Passeurs n'étaient
pas heureux dans leur métier, même s'ils l'exerçaient avec compétence et
conscience. C'est le cas de notre ami Louis Pergaud, mal aimé de la population
du Haut-Doubs qui n'appréciait pas l'école laïque, l'école du Diable. Aussi choisit-il
une autre façon d'être un Passeur, en écrivant des romans avant que la guerre
ne le fauche en pleine jeunesse, comme elle a fauché tous les pauvres jeunes
gens dont les noms sont écrits sur les monuments aux morts. Mais je ne veux pas
assombrir cette soirée avec de si tristes propos. Si seulement les guerres
ressemblaient plutôt aux batailles homériques des Longevernes contre les
Velrans, aux jolis mots fleuris de notre patois qui émaillent la Guerre de
Boutons, des mots qui nous sont familiers au Pays des Cossis.
J'espère bien que vous ne
quitterez pas votre place ce soir en disant à voix basse : "si
j'aurais su j'aurais pas v'nu."
Notre P'tit Gibus à nous, ce
pourrait être un petit garçon appelé "P'tit Cossi". Nous sommes en
1900. P'tit Cossi a 8 ans, il va rentrer au cours élémentaire de l'école de
garçons. Ses parents travaillent dans une usine d'horlogerie où il espère bien
entrer comme apprenti après avoir passé son certificat d'études. Nanti de ce
précieux diplôme, P'tit Cossi peut envisager une belle carrière dans la ville aux trente usines. Avec du
courage à la tâche, de la jugeote et deux mains habiles, tous les espoirs sont
permis. C'est bien ce que lui enseigne son maître d'école, qui sait que les
belles pages d'écriture, avec pleins et déliés, sont déjà la promesse
d'ouvriers soigneux aimant la belle ouvrage. Et P'tit Cossi s'applique, fait de
son mieux pour répondre aux espoirs que l'on met en lui, mais ce n'est pas
facile de faire des devoirs à la maison quand il y a les petits frères et sœurs
à garder ou même la vache à traire, quand il est assez grand pour le faire. P'tit
Cossi aura quand même son certificat d'études et entrera bien en apprentissage.
Il fera même une autre sorte d'apprentissage dans un bataillon scolaire, où il
apprendra comment défendre la patrie et même mourir pour elle. À vingt-deux
ans, P'tit Cossi revêtira l'uniforme pour une autre guerre que celle des
boutons, la Grande Guerre. Pauvre P'tit Cossi, si il aurait sû, il aurait pas
venu...
Quatre ans plus tard, il
revient de guerre, trop sérieux pour un jeune homme de son âge. En même temps
que son insouciance, il a laissé son surnom dans les tranchées. Mais on
pourrait dire aussi que tous les jeunes gens dont on honore la mémoire le 11
novembre à Seloncourt s'appelaient P'tit Cossi... Quels sont les passeurs qui
les ont emmenés dans ce chemin sans retour ? Leur nom est Légion, de
l'Empereur d'Allemagne au Président de la République Française, de l'anarchiste
Prinzip assassin de l'archiduc Ferdinand à la famille Krupp, mais aussi des
instructeurs militaires au brave instituteur de l'école de garçons qui en ont
fait de bons petits soldats pétris en chair à canon. Souhaitons maintenant
trouver des Passeurs qui conduisent à la paix tous les hommes de la planète.
Mais P'tit Cossi, revenu de
l'autre monde, est pressé de se marier et de planter une petite graine de
Cossi. Ce sera un autre P'tit Cossi, je suis sûr que son papa n'y trouverait
rien à redire. P'tit Cossi junior va lui aussi trouver le chemin de la communale,
où un bon maître va lui faire passer le certificat d'études. Pas de bataillon
scolaire cette fois-ci, mais de la gymnastique, à la Patriote.
P'tit Cossi II est un grand
gaillard à la moustache virile. Avec sa casquette de travers, il attire les
regards furtifs des filles de Seloncourt. Lui aussi part faire son service
militaire en 1935. Mais la quille venue, il ne profite que peu de sa jeunesse
et, à son tour, il est rattrapé par la Guerre. Après bien des péripéties et des
évasions, c'est lui qui va devenir Passeur entre la France et la Suisse. Comme
un Indien d'Amérique, P'tit Cossi II connaît par cœur tous les chemins, toutes
les sentes, toutes les cachettes de la forêt comtoise. Il déjouera tous les
pièges et finira la guerre en faisant le coup de feu en compagnie des
Maquisards du Lomont. Il y croisera un autre Robin des Bois de la même trempe,
un grand gaillard qui traversa même plus tard l'Atlantique pour aller couper
les cheveux des Yankees !
On a du mal à se l'imaginer
maintenant, mais à l'époque, P'tit Cossi, c'était un vrai héros de roman d'aventures. Ne le cherchez
pas dans l'assistance à cette veillée, mais plusieurs d'entre vous l'ont
certainement connu. P'tit Cossi II, le Passeur de Liberté.
Et nous voici prêts à faire
la connaissance de P'tit Cossi III. Cette fois, regardez autour de vous, car il
est certainement ici ce soir. Si vous ne le voyez pas, c'est qu'il se promène
quelque part dans l'exposition. P'tit Cossi III aime faire l'école buissonnière.
Il va se promener dans la Combe de Thulay pour chercher des tritons dans les
trous d'eau. Quelquefois, le jeudi ou pendant les vacances, une demoiselle travaillant
à la douane, demeurant dans la rue des Sources, l'emmène avec un ou deux
camarades pour découvrir les fleurs et les plantes rares qui y poussent.
D'autres fois, c'est Pierre Mora, spéléologue amateur, mais chevronné, qui leur
raconte comment il a découvert et exploré le trou du Chien. P'tit Cossi ne fait
plus la guerre ni aux Velrans ni à personne et les passeurs qu'il rencontre
sont le maître d'école, la demoiselle et le spéléologue. D'autres aussi, sans
doute, mais je ne peux les citer tous. Bien sûr, il y a des Passeuses et même
des P'tites Cossies, mais je parle de ce que je connais le mieux, les garçons,
les P'tits Cossis, même si je n'en suis pas un moi-même.
Grâce à eux, notre P'tit
Cossi III découvre des mondes qu'il aurait ignorés et que nul ordinateur, nul
internet, ne lui aurait jamais permis de voir, de sentir, de toucher en
écoutant les explications d'un aîné. Les liens que l'on tisse avec les Passeurs
sont autrement plus riches et plus vivants que les informations qui circulent
dans les câbles téléphoniques ou dans les ondes hertziennes. Les savoirs qu'ils
vous transmettent ne peuvent pas se comparer avec l'amoncellement
d'informations, vraies ou fausses, qui sont aujourd'hui à la disposition de
tous.
Et l'on se figure que l'on connaît
la planète parce qu'on a vu trois Ushuaïa, que l'on sait ce que c'est que
l'aventure parce qu'on a regardé deux Koh Lanta et qu'on a tout compris de la
vie de couple et de l'éducation des enfants grâce à la téléréalité.
Non, ça ne marche pas comme
ça. Moi qui vous parle ce soir, je suis sûr qu'il faut toujours des Passeurs et
je peux vous dire qu'il n'en manque pas.
Eh ! P'tit Cossi !
Arrête de te cacher dans le fond de la salle ! C'est à toi que je parle !
Viens donc ici, c'est toi la vedette, c'est à toi de passer au tableau ce soir.
Non ? Qu'est-ce que tu dis ?
– Si j'aurais su, j'aurais pas v'nu !
Il est trop timide, P'tit
Cossi. Il ne viendra pas. Tant pis, je continue sans lui. Eh bien, P'tit Cossi,
ou ta compagne P'tite Cossie, si tu es à l'honneur ce soir c'est que tu es
toi-même devenu un Passeur. Passeur de mémoire, car, comme il est dit, lorsque
tu ne sais pas où tu vas, regarde d'où tu viens.
Ce que nous font toucher les
Passeurs des Amis du Vieux Seloncourt, c'est que nos aînés avaient, à leur
manière, du génie, et qu'il ne tient peut-être qu'à la nouvelle génération d'en
avoir autant qu'eux.
Nos aînés de Seloncourt et
du Pays de Montbéliard étaient d'excellents ouvriers, capables de fabriquer des
objets qui nous étonnent et qui suscitent notre admiration, à partir de ce
qu'ils avaient sous la main, du minerai de fer, des cours d'eau pour l'énergie,
de l'habileté dans leurs mains, des idées dans leur tête et beaucoup de
courage. Quand on découvre le fruit de leurs travaux, on prend conscience qu'il
n'y a pas que le temps présent, avec des tablettes tactiles, des téléphones
portables, des objets de toute sorte fabriqués à l'autre bout du monde et que
nous ne sommes plus capables de faire. Pour un peu, on en viendrait à croire
qu'il y a peu de différence avec les hommes des cavernes et des paysans
balourds, en sabot, dans les odeurs de purin, d'avant les voitures et les
télévisions. On aurait presque honte de nos origines rustiques.
S'ils n'avaient pas inventé
l'industrie agroalimentaire et les fast-foods, nos aînés étaient aussi
d'excellents paysans, capables de réaliser un ingénieux système d'irrigation
dans la vallée du Glan. À quelques kilomètres de chez nous, des réfugiés
mennonites avaient sélectionné la race montbéliarde.
Tout comme les ouvriers
avaient su tirer les matières premières du sous-sol et l'énergie des rivières,
les paysans savaient faire produire à la terre la nourriture, mais aussi le
vin, la bière et les étoffes à travers le chanvre et la soie. Et tout ce
savoir-faire serait voué à l'oubli sans vos efforts. Il ne s'agit pas de nostalgie,
tout n'était pas rose dans le temps jadis. Il s'agit de ne pas être amnésique
et nous vivons une époque d'amnésie contagieuse.
Et tout ça s'est transmis de
P'tit Cossi en P'tit Cossi, vaille que vaille, jusqu'à aujourd'hui et cette
exposition. Oui, P'tit Cossi, quand tu feras visiter nos trésors aux enfants
des écoles lundi, tu seras toi-même un Passeur irremplaçable. Alors arrête de
te cacher, veux-tu, sinon le maître va t'appeler au tableau pour te faire
réciter une fable de La Fontaine. Allons, P'tit Cossi, reviens t'asseoir dans
notre salle de classe.
Pour faire passer les
voyageurs d'une rive à l'autre, les Passeurs avaient une barque. Ici, dans ce
voyage dans le temps, nous avons plusieurs moyens de transport. Cette salle de
classe, bien sûr, mais aussi toutes ces expositions préparées pendant des
dizaines d'heures, avec les plus grands soins, comme on prépare un voyage dans
un pays lointain. On prévoit des explications, des visites guidées, des
reconstitutions, pour que les voyageurs aient leur content de dépaysement. On
invite des Passeurs locaux, pas des Cossis, comme un certain Claude et sa
complice Nicole pour nous emmener voir d'autres métiers, d'autres tableaux
vivants, d'autres tranches du passé. Je crois même que ces deux-là m'ont
emmené, moi qui vous parle, dans une carriole à cheval sur le plateau des trois
villages, et que j'étais coiffé d'un Grand Gibus. Mais, même en frissonnant
dans ma redingote, dans la bise crue de ce mois de juin 2013 où il neigeait
encore, je n'ai pas dit :
– Si j'aurais su j'aurais pas v'nu !
Il y a un véhicule pour
lequel j'ai une tendresse particulière et vous allez tout de suite deviner
duquel je parle : c'est le Petit Train, bien sûr, qui nous emmène dans le
passé de la vallée, mais aussi dans le passé de notre association. Ce petit
train qui transporte tous nos souvenirs et la mémoire de tous nos Amis. C'est
parce qu'il incarne beaucoup plus que la reconstitution du T.V.H., il incarne
l'amitié, le don de son temps à une œuvre collective, quelque chose de gratuit,
de pas monnayable, que l'on offre aux visiteurs de l'exposition. Il nous
transporte avant 1932, quand le tacot desservait toute la vallée en voyageurs
et en marchandises, mais aussi en 1991 et après, quand toute l'équipe des Amis en
fit la reconstitution.
Chacune de ses sorties est
une aventure, mettant à contribution les équipes de maintenance qui ont pris la
relève de Jean-Marie alias Mac Gyver. Au temps des premières automobiles, il
était obligatoire de faire précéder celles-ci par un homme muni d'un drapeau
rouge afin d'avertir les innocentes populations du danger que représentaient
ces bolides infernaux. Nous en sommes presque là, mais pour des raisons
opposées, quand il s'agit d'insérer ce visiteur venu des couloirs du temps dans
la circulation de l'ancienne rue du tramway.
Et c'est à moi que revient
ce soir le redoutable honneur d'être Passeur à mon tour, le temps d'une soirée.
Le vaisseau où je vous embarque est une salle de classe et l'époque où je vous conduis
est celle où vous étiez encore sur les bancs de l'école. Au lieu de préparer
une génération au certificat d'études, j'essaie de transporter des grandes
personnes au temps de leur enfance, quand elles écoutaient des histoires. Et,
pour ce soir, écoutez la cloche. La visite est terminée.
Je veux qu'on sorte en rangs
et en silence.
Une agréable soirée, partage de mémoires et d'émotions. Merci François.
RépondreSupprimer88 ANS, je l'ai connu ce "p'tit cossi" et l'ai rencntré bieb des fois au cours des émissions de la radio locale "RVG" des années 80, je le recevais dans mon emission "quelque part quelqu'un" ou "raivise-t-en mémoire des gens d'ici" ou encore l'émission consacrée aux associations locales. Quel plaisir, que de rencontres inoubliables. j'ai meme reussi a faire sortir de sa retraite (petit village près d'Annecy) le Commandant ROLLAND Il avait alors 81 ans, pour l'anniversaire de la liberation d'HERIMONCOURT;. Rappelez-vous, cette année cela fera 70 ans.Tant d'autres souvenirs de ces années là , la resistance, la deportation..
RépondreSupprimerMerci François,,
RépondreSupprimerun bon souvenir...